Au-delà de Paris COP21 avec l’espoir d’un monde meilleur

Au-delà de Paris COP21 avec l’espoir d’un monde meilleur

Scolastiques et frères Jésuites réunis à Leyte, aux Philippines, après avoir visité les régions ravagées par Haiyan, engageant des conversations directement avec les communautés locales, les gouvernements locaux, et des groupes d’aide de l’Église, tout en apprenant à comprendre comment réagir en cas de catastrophe dans le cadre d’une écologie intégrante dans l’accompagnement des personnes vulnérables qui sont à la marge de la société. Crédit photo: Scholastic Harry Setianto Sunaryo, SJ
Scolastiques et frères Jésuites réunis à Leyte, aux Philippines, après avoir visité les régions ravagées par Haiyan, engageant des conversations directement avec les communautés locales, les gouvernements locaux, et des groupes d’aide de l’Église, tout en apprenant à comprendre comment réagir en cas de catastrophe dans le cadre d’une écologie intégrante dans l’accompagnement des personnes vulnérables qui sont à la marge de la société. Crédit photo: Scholastic Harry Setianto Sunaryo, SJ

Pedro Walpole, SJ (Traduction: Jean Mboma, SJ)

Pendant 12 jours lors des vacances de Noël 2015, environ 30 scolastiques Jésuites Asiatiques se sont rendus à Leyte, aux Philippines, pour rencontrer des gens qui essaient de se remettre dans un contexte de désastre. Ils ont aussi appris ce qu’il en est de la gestion des risques, qui fait clairement partie de la nouvelle stratégie de la vie dans les marges. Haiyan, la tempête parfaite, a roulé pour six jours sans être perturbée à travers la moitié de l’océan Pacifique avant qu’il n’atteigne la terre le 8 Novembre 2013 à 5h00 du matin. Il a transformé les terres de la ville et le pays entier en décombres avec environ 7.000 morts et un million de déplacés. C’était une guerre combattue en un matin avec une évacuation confuse de civils comme seule défense.

Depuis lors, les gens ont essayé d’emménager loin de la côte et des pentes, mais les pauvres ne peuvent pas se permettre des terres sûres et il y a d’ailleurs peu des zones qui peuvent être considérées comme des terres sûres. Les gens et les organisations qui les assistent ont construit des logements qui ne survivront pas à un tel puissant typhon alors que la majorité des centres d’évacuation sont encore les structures à multiples usages, les écoles étant le sanctuaire le plus commun. Bien que nous rêvons de «reconstruire en mieux», un programme commun de la réunion Sendai1 et toute la littérature de l’ONU, beaucoup sont épuisés avec la pratique et la lecture des avis et rapports sur les sites de logements et de centres d’évacuation, la plupart partageant les mêmes limites et besoins.

Localement, les gens sont en train de rebâtir des économies de fortune, également battues à plate couture et marginalisées par l’économie globale. En particulier, les matériaux de qualité inférieure ne sont qu’un petit aspect de la façon dont l’économie mondiale est intégrale et abusive par rapport aux circonstances locales. Il y a de pittoresques «succès», mais au niveau national, nous continuons à soutenir une pauvreté brute.

Péniblement beaux dans les décombres et structure de la vie, nous rencontrons toujours des gens qui sont reconnaissants. L’esprit humain trouve une voie, la foi éclaire le chemin, les gens qui espèrent conduisent humblement. Beaucoup des scolastiques n’avaient jamais pensé qu’ils trouveraient un tel espoir radieux à l’image de la veuve qui a parlé de ses enfants tout en allant de l’avant.

Quelques jours avant cet atelier du Cercles des Scolastiques et Frères de la Conférence Jésuite d’Asie-Pacifique, je revenais de la réunion Paris COP21, où les communautés qui souffrent du changement climatique sont enfin reconnues. Le financement du climat a besoin d’un budget de 100 milliards de $ US, dont 50% seront alloués à l’adaptation des communautés, mais on ignore encore comment il sera pourvu. La traduction de ce qui a été dit et où nous sommes est mesurée dans cinq, dix, quinze et vingt ans. Ce sont là de très petits pas lorsque nous mesurons les 21 ans jusqu’à présent de la présence du gouvernement qui traîne les pas pour agir.

La couverture et l’orientation des médias du monde entier au cours des réunions à Paris ont mis en évidence la réalité du défi formidable que les dirigeants du monde ont été appelés à relever en personne, et les doutes ou scepticismes de la menace ne sont pas dans leur esprit. Beaucoup ont été mieux informés par cet affichage mondial et publique du problème, bien au-delà de ceux qui ont défilé dans les villes à travers le monde, et se rendent compte maintenant qu’ils doivent aussi répondre, pas seulement les gouvernements.

La véritable menace qui s’est révélé lors de ces assises n’est rien d’autre que le corporatisme mondial débridé et la société civile l’a identifié à bien des égards avec les géants. L’un de ces géants, la compagnie pétrolière transnationale BP Amoco a verdi son image en 2000 par le slogan «Beyond Petroleum» et s’était engagé à investir dans la recherche de l’énergie propre, mais cela n’est pas évident au regard de son portefeuille. L’avidité croissante de combustibles fossiles comprend le déversement de pétrole dans le golfe du Mexique, où les évaluations des risques ont précédemment signalé des lacunes massives – la cupidité étant l’absence de toute considération réelle pour tout ce «qui n’est pas mien» et «de tout avoir maintenant.»

Le pétrole, en particulier la fracturation hydraulique, et le charbon ont été des sujets de discussion à de nombreuses réunions secondaires comme obliquant l’ordre du jour prévu pour un meilleur climat. Les transports aériens et maritimes n’étaient pas pris en compte dans les calculs. Il y a beaucoup de facteurs qui vont encore nous pousser au-delà de 1,5 degrés C de hausse au dessus des températures de l’ère préindustrielle. Les histoires sur Volkswagen qui a triché sur les règlements de carbone étaient monnaie courante. Les paroles du Saint-Père sur la « technocratie» sonnaient à nos oreilles.

Beaucoup de membres de la société civile à Paris étaient préoccupés par des détails. Est-ce que les droits des peuples sont protégés dans les actions liées au changement climatique? Les droits humains sont essentiels dans la lutte pour la sécurité alimentaire dans le contexte de la production et distribution alimentaire par des entreprises. Les références à la sécurité alimentaire dans les articles clés sur l’atténuation et la finance ont été enlevés. L’utilisation des terres – et nous pouvons rappeler l’incendie continue de vastes zones forestières du Bassin du Congo, l’Amazonie, et l’Indonésie – n’est pas discutée. En supprimant l’utilisation des terres du texte et en revenant aux puits et réservoirs de carbone, des communautés entières, la biodiversité et les droits à l’alimentation sont laissés de côté.

Les réseaux ecclésiaux tels que le Red ecclésial PanAmazónica (REPAM)  pour l’Amazonie et Réseau ecclésiale Pour le Bassin du Congo (REBAC)  sont en train de ressortir comme des voix plus fortes pour «l’attention aux personnes vulnérables et une écologie intégrale»2 qui parle 31 fois de «l’écologie» et 59 fois des «pauvres».

La réunion de la COP 21 a commencé avec les inondations à Chennai, sud de l’Inde  et avant la deuxième semaine, les inondations au nord de l’Angleterre  ont suivi. A Chennai, environ 350 personnes sont mortes, il y avait une référence de journal, mais le monde continua de tourner sans prêter attention. Ce fut une situation totalement différente quand 150 personnes sont mortes lors des attentats de Paris quelques semaines auparavant et le monde s’arrêta de faire face à l’ennemi extérieur. Pourtant, on doit aussi s’occuper de «l’ennemi à l’intérieur» du monde des entreprises et dans les individus. Nos styles de vie qui entraînent et sont entraînés par un consumérisme de ce que nous mangeons et nous nous habillons et où nous ne connaissons ni les origines ni les conditions de la terre et des personnes impliquées, doivent nous interpeller et nous devons y faire face dans une dynamique positive de vivre à nouveau.

Les questions du genre, «Au fait qu’est-ce qui s’est passé à Paris?» sont exhaustives. Les listes critiques existent ainsi que les progrès et les pertes; mais le plus poignant est la question de l’action. L’humanité dans sa forme politique limitée a traîné les pieds avec une réussite limitée, à défaut d’une accélération et de l’engagement des entreprises. Le succès est relatif et de courte durée pour les 195 pays, s’il n’y a pas de changement collectif national par chaque pays. Le mieux que l’on pourrait faire est de s’engager à prendre ses engagements avec soir et voir ce qu’ils ajoutent à ce qui existe. La liste des pays les plus vulnérables était 20 quand ils ont commencé et a grandi à 43 avant la fin de la réunion – on voit au moins qu’il y a prise de conscience.

Cela nécessite l’engagement du public, l’engagement et la transparence avec l’action à l’ordre du jour. Les Engagements Voulus et Déterminés au niveau National doivent être marqués. Je n’ai toujours pas encore compris comment les Philippines vont mettre en place une réduction de 70% de la production d’énergie de carbone d’ici 2020 avec un engagement à une énergie à base de charbon de 70% d’ici 2030. J’espère juste que les entreprises ne vont pas absorber l’argent dont nous avons besoin pour l’adaptation sociale en cours, et faire un transfert d’argent facile aux entreprises qui recourent à l’énergie sans carbone. L’attitude que nous (les Philippines) produisons si peu de carbone et par conséquent, nous pouvons faire des folies de ce genre, montre peu de sobriété ou d’inquiétude.

J’ai quelques illusions alors que je vous écris que tout se passera comme dans un conte de fées. Comme avec la plupart de ceux aux prises avec les questions urgentes, si les prochaines générations ne sont pas notre priorité alors nous avons perdu tout sens du but. La lutte est massive, nous ne pouvons pas nous permettre de simplement renverser les châteaux de pouvoir médiévaux, mais que les riches ignorent l’appel à la redistribution de base, nous allons entrer dans d’autres Ages Sombres.

Qu’est-ce qui doit être fait? Serrer et alléger nos styles de vie, et oui, nous avons besoin d’espoir, pas la désillusion. «Le monde est chargé de la grandeur de Dieu … Il rassemble à une grandeur, comme le suintement d’huile concassée.»3 Si «la gloire de Dieu est l’homme vivant»4 qui prend dans la grandeur de chaque molécule de la vie, «où le divin et l’humain se rencontrent dans le moindre détail dans le vêtement sans couture de la création de Dieu, dans le dernier grain de poussière de notre planète»5 et vit pleinement à travers la création et avec le voisin, nous pouvons avoir un nouveau regard sur ce qu’est le vivre ensemble.

Un autre mythe brisé est que la situation actuelle est une lutte pour la richesse, pas la surpopulation, comme les personnes les plus pauvres consomment si peu des ressources de la planète, avec un rapport de l’ONU concluant que «même si la croissance de la population était nulle, cela toucherait à peine le problème du climat.»6

Les batailles au sein de notre propre conversion dans la vie ne sont pas avec les obsessions, mais de vivre la vie avec une participation significative et les changements que nous sommes disposés à faire profondément à l’intérieur de nos propres vies. Ceux-ci incluent le partage de modes de vie durables, la gestion de la consommation et des déchets, en participant à des pratiques communautaires utilisant l’agro-écologie et la production d’énergie renouvelable à base communautaire, et de répondre aux défis au niveau politique.

Nous devons également soutenir différents producteurs de denrées alimentaires, les communautés autochtones, les travailleurs et les femmes afin qu’ils puissent organiser et négocier davantage. Nous avons besoin de l’engagement civil en vue du changement des politiques telles que la réglementation des entreprises pour satisfaire aux obligations des droits humains et en exigeant la transparence des sociétés transnationales et des accords commerciaux mondiaux. Pouvons-nous même en savoir plus à propos de la production et fourniture des armes? Tous ces éléments font partie d’une écologie intégrante.

Le Saint-Père fait écho à l’appel à louer, révérer, et servir Dieu – et le «servir» est le service du prochain et soin de la création. Deux tiers de la transformation réside dans une spiritualité qui conduit à un mode de vie et une façon de vivre avec les gens et la création. Nous commençons avec la louange elle-même, un don de Dieu qui peut si facilement être recherché à travers la création. Révérence – que pouvons-nous révérer sinon le Christ dans nos vies? Alors, la phase suivante sera tellement plus facile.

Références:
1. La troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la prévention des catastrophes
2. Laudato si’, n°10
3. Extrait de «Grandeur de Dieu» (1877), Gerald Manley Hopkins
4. Extrait de «Contre les hérésies» (c 185 AD), Saint Irénée de Lyon
5. Extrait de «Responsabilité Globale et la durabilité écologique», Mot de la fin, Halki Sommet à Istanbul, Turquie (20 Juin 2012), le patriarche Bartholomée
6. De l’État de la population mondiale 2011 (chapitre 7, page 96), FNUAP

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