Plusieurs pays sont touchés par de multiples conflits écologiques, souvent causés par la demande croissante pour l’énergie et les ressources naturelles. Pour illustrer spatialement ces conflits écologiques au niveau mondial et les espaces de résistance, le projet Organisations de Justice Environnementale, Dettes et Commerce (EJOLT, en Anglais) a lancé l’Atlas de la Justice Environnementale, qui est une plate-forme de cartographie interactive en ligne détaillant environ 1000 conflits environnementaux (et ce nombre ne cesse de croître) dans le monde.
EJOLT est un projet de l’Union Européenne qui associe “la science et la société pour cataloguer la distribution écologique et lutter contre l’injustice environnementale.” L’Atlas de la Justice Environnementale (EJ Atlas) est basé sur les travaux de plus de 100 personnes travaillant dans 23 universités et des organismes de justice environnementale dans 18 pays ainsi que des dizaines de collaborateurs indépendants de partout dans le monde qui ont rejoint le projet pour créer cette immense et précieuse ressource.
Tout ce travail est coordonné par le professeur Joan Martínez-Alier de l’Institut pour la Science et Technologie de l’Université Autonome de Barcelone (ICTA-UAB). Comme le souligne Martínez-Alier, “L’Atlas montre comment les conflits écologiques se multiplient partout dans le monde et sont motivés par la demande en matières diverses alimentée principalement par les riches et la classe moyenne de la population mondiale. ”
En soi l’Atlas et le groupe de chercheurs impliqués ne résolvent pas les conflits, mais donnent des informations sur les acteurs, les commanditaires et les schèmes structurels derrière les conflits. Pour ce faire, l’Atlas permet aux utilisateurs de rechercher et de filtrer 100 champs et de naviguer par produit, entreprise, pays et type de conflit.
Il y a 10 grandes catégories où les conflits environnementaux sont cartographiés: le nucléaire, les minerais et les extractions, la gestion des déchets, la biomasse et les conflits fonciers, les combustibles fossiles et la justice climatique et l’énergie, la gestion de l’eau, les infrastructures et l’environnement construit, le tourisme, les conflits de la conservation de la biodiversité, les industries et les services publics.
La base de données contient également des informations sur les investisseurs, ceux qui sont derrière ces offres, les données de base, les sources de conflit, les détails du projet, le conflit et la mobilisation, les impacts, les résultats, les références à la législation, la recherche scientifique, des vidéos et des photos. En un clic, l’utilisateur peut trouver un aperçu global de l’énergie nucléaire, des conflits des déchets ou de l’eau, ou les endroits où les communautés locales ont un problème avec une compagnie minière ou chimique particulière.
Plus de 300 cas détaillés sur l’Atlas sont recensés en Amérique Latine. Le plus grand nombre de cas documentés se trouvent en Colombie, soit 72 cas. Les autres pays de la région avec un nombre élevé de cas sont le Brésil (58 cas), l’Équateur (48 cas), l’Argentine (32 cas), le Pérou (31 cas), et le Chili (30 cas).
L’Atlas recueille des récits de partout dans le monde, sur les communautés qui luttent pour la justice environnementale. Il rend l’information accessible, crée des liens avec d’autres groupes travaillant sur des questions connexes, et accroît la visibilité des conflits environnementaux. Il peut également être utilisé pour l’enseignement et pour des fins de plaidoyer.
Le projet EJOLT, avec ses partenaires et collaborateurs externes, rendra aussi publics des cas spécifiques et couvrira les “zones blanches” (par exemple la Russie et la Chine) d’ici l’année prochaine. “Pour le moment, nous ne sommes en mesure d’obtenir des résultats qu’à partir des données recueillies jusqu’ici,” a déclaré Daniela del Bene, coéditeur des Atlas EJ. “Nous constatons que le plus grand nombre de conflits déclarés de nos collaborateurs concernent l’extraction minière et ces conflits sont aussi ceux déclarés comme de la plus haute intensité ou violence,” a-t-elle ajouté.
Les mouvements sociaux, autrement appelés organisations de justice environnementale (EJOs), sont d’une importance cruciale. Le but de cartographier l’injustice environnementale est précisément de connecter les EJOs et les luttes. Daniela Del Bene a dit que c’est déjà le cas avec certains groupes en Espagne par exemple, et espère que ce pourrait être le cas pour d’autres secteurs et régions du monde. L’échelle à laquelle cela pourrait arriver n’est pas facile à deviner. Probablement, ce sera plus facile au niveau national, mais le corédacteur en chef a estimé que “si cela vient à concerner la législation internationale ou le projet ou la politique d’une entreprise, les alliances sont plus susceptibles d’être mises en place.”