Ce que nous apprenons pendant la crise du COVID 19

Ce que nous apprenons pendant la crise du COVID 19

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Certains des effets attendus du premier et du deuxième ordre de la pandémie sur la mise en œuvre des ODD (Shared Responsibility, Global Solidarity : Responding to the socio-economic impacts of COVID 19, UN, Mars 2020)

Pedro Walpole SJ (Traduit par le scolastique Gilbert Lasway SJ)

En ces jours de crise, de confinement et de distanciation sociale, de flux d’actualités quotidiennes sur l’augmentation des cas de coronavirus tant locaux que mondiaux, peut rendre difficile de garder une sensibilité humaine plus large et une vision ouverte.

Nous sommes dans une tempête dévastatrice, et pendant la prière et la réflexion qui pour nous semblait cosmique, du pape François adressées à la ville de Rome et au monde (Urbi et orbi), le Saint-Pierre, en embrassant le monde, il a posé des questions que les ténèbres de cette tempête provoquent. Comment en sommes-nous arrivés ici ? Où allons-nous ? Qui sommes-nous ? Ne pouvons-nous pas faire incliner la balance pour que nous passions de la peur à la foi ? comment dans nos petits gestes assurer que reste briller la flamme pascale ? Quelles sont nos expériences de la vie en communauté ces jours-ci ? est-ce-que le sens de la communauté locale que nous vivons peut nous inspirer à partager notre espérance même l’échèle mondiale ?

Aujourd’hui, en prenant une petite marche ou dans les réseaux sociaux, la première salutation souvent est, « comment allez-vous ? » se référant bien sûr à la façon dont le COVID-19 et le confinement nous affectent. Nous écoutons les histoires se dérouler. Chacun de nous individuellement, en famille ou bien en communauté, s’habitue et tous nous apprenons de comment bien nous adapter à tout ce que se passe. La situation des chômeurs, avec la fosse de la pauvreté qui s’approfondie, appelle à une action compatissante et il ne faut pas les oublier à nouveau en revenant à l’efficacité économique et à la croissance. La situation nationale est souvent déplorable. Des discussions qui appellent à une conversion se forment autour de préoccupations communautaires surtout concernant les différences et des lacunes dans notre mode de vie collectif.

La compassion et l’action trouvent de nouvelles expressions dans un monde plus humble et plus solidaire. Peu d’entre nous qui lisent cet article sont en première ligne. Nous essayons peut-être de préparer des masques faciaux et d’autres équipements de protection ou de distribuer de la nourriture. Pour beaucoup, le mieux que nous puissions faire est de rester à la maison et de continuer à communiquer les histoires d’espoir que nous pouvons trouver. En écoutant les histoires de la vie des autres dans cette crise, nous approfondissons le sens de notre propre vie et avec ceci nous partageons la foi et l’espoir.

Le père général Arturo Sosa a récemment expliqué comment les Préférences Apostoliques Universelles (PAU) sont une interconnexion et une collaboration entre tous les apostolats et la mission de la Compagnie pendant ce temps que nous répondons à COVID-19. Il a en plus fait remarquer que l’injustice est le plus grand virus.

Nous acceptons ce confinement actuel par obéissance aux conseils des professionnels de santé. En plus, nous ne pouvons pas nous précipiter pour être des philanthropes sans prendre en compte de la réalité et de nos capacités. La peur ou la fuite ne sont non plus de bons guides, il y a souvent un réapprentissage avec la foi et une remise en question qui se produit dans la communauté. Les enfermements prolongés nous obligent à grandir en patience, en humilité, en simplicité et nous invitent à un engagement collectif.

Nous devons nous concentrer sur la phase suivante, l’après confinement, m’après COVID 19. Nous devons nous engager et ne pas oublier cette période que nous invite tous à une conversion individuelle et communautaire. Peut-être nous voulions immédiatement retourner au travail ou aux études, mais n’oublions pas que la conversion à laquelle nous sommes invités nous oblige à développer une vie qui est plus inclusive, avec notre foi guérir le monde et partager une vision de vie que nous met tous en action.

COVIDComment sommes-nous arrivés ici ?

Nous n’apprenons les choses difficiles que par l’expérience et seuls les mots ne peuvent combler les lacunes de la raison. L’expérience nous rassemble dans l’humilité, la guérison et la réconciliation, afin qu’ensemble nous puissions aller de l’avant. Au cours des 30 dernières années de tempêtes aux Philippines, chaque communauté a dû apprendre par elle-même ce qu’est la vraie sens de sécurité et comment il est possible d’agir unis pour achever ce dernier. De la tempête tropicale Thelma en 1991 (à Ormoc, Leyte) au typhon Haiyan en 2013 (à Tacloban, Leyte), le cycle de réduction et de gestion des risques de catastrophes en cinq phases a ses parallèles avec toute crise.

Il y a le temps ordinaireou le Business as Usual (BAU)où nous sommes libres d’agir et d’apporter une différence un changement, mais généralement nous ne le faisons pas. Ensuite, il y a l’inévitabilité d’une tempête qui frappeet nous avons peu de temps pour tout rassembler, pour entrer en contact avec ceux et celles que nous aimons, pour sécuriser nos maisons ou pour nous évacuer. Il est toujours très difficile de travailler pour une vraie différence pour éviter une catastrophe qui touche les pauvres. La plupart de nos villes semblent ne pas être capables d’apprendre cela du premier coup ; la réalité est plus grande que toute idée de ce que peut être une catastrophe. Puis la tempête frappe, et nous avons le confinement. Bien sûr nous ne sortons pas au milieu de la tempête, nous nous mettons à l’abri, nous sortons à moins que cela ne soit essentiel. Après cela, le travail est de remettre les communautés sur pied, être une communauté c’est lutter pour le rétablissement, de faire rentrer au normal. Ceci est souvent suivi d’une phase de reconstruction qui peut durer au mieux trois ans pendant que la société en générale est déjà retournée au BAU.

C’est la nature de la vie de l’homme, quand il est frappé par la nature, notre foi souvent nous appelle à être plus intègres, elle nous oblige à donner plus et à prendre moins pendant ce temps de la reconstruction.

« Nous ne nous sommes pas arrêtés à vos reproches, nous n’avons pas été secoués par les guerres ou les injustices à travers le monde, nous n’avons pas non plus écouté le cri des pauvres ou de notre planète malade. Nous avons continué malgré tout, pensant que nous resterions en bonne santé dans un monde malade ».(Pape François, Urbi et orbi)

Où allons-nous ?

Dans l’avenir, nous allons écouter plus aux professionnels médicaux et aux scientifiques qu’aux politiciens. Mais souvent nous avons tendance à oublier les scientifiques et les médecins lorsqu’ils ne nous mettent pas à l’aise. Les politiciens ne sont bons que s’ils partagent les préoccupations et la vie quotidienne avec intégrité. Cependant, nous voulons aller de l’avant et nous ne sommes jamais satisfaits de ce que nous avons et nous ne considérons pas ce dont l’autre a besoin. Nous ne voyons pas l’injustice et l’exploitation dans le système économique. Des décisions politiques qui ne sont pas favorables nous angoissent, mais parfois, « nous ne pouvons rien y faire.»

Allons-nous maintenant vivre avec ce que nous avons appris de cette crise ? Y a-t-il une conversion dans nos vies où nous avons surmonté les vieux arguments diviseurs et compris l’intégration des pauvres et de la terre, et des plus grandes marges oubliées de nos océans ? Où serons-nous lorsque la prochaine catastrophe aquatique frappera une région du monde cette année, pendant combien de temps cela fera-t-il partie de nos préoccupations ? Comment pouvons-nous maintenir ce dialogue actif avant que des practices économiques dévastatrices ne prennent le dessus ?

Pour vraiment savoir où nous allons, nous devons savoir qui nous sommes et garder dans nos cœurs et dans notre communion les uns avec les autres que nous sommes tous affaiblies dans notre ite que tous nous cherchons toujours la guérison.

« Face à tant de souffrances, où l’on évalue le développement authentique de nos peuples, nous faisons l’expérience de la prière sacerdotale de Jésus : « Que tous soient un » (Jn 17, 21). Combien de personnes, chaque jour, font preuve de la patience et offrent de l’espoir, en prenant soin de semer non pas la panique mais une responsabilité partagée. »(Urbi et orbi)

Comprendre les types de maladies qui proviennent d’autres animaux et qui nous menacent, c’est comprendre ce que nous faisons de notre environnement et l’impact que nous avons sur les populations animales et l’espace dont elles occupent. La plupart des maladies infectieuses sont une réflexion des régions où l’économie extractive a causé un déséquilibre et une exclusion environnementales. Les catastrophes climatiques locales peuvent aussi présenter les effets mondiaux et font partie d’une maladie économique chronique à laquelle nous résistons dans des plupart de cas transformer nos habitudes pour adresser le problème du changement climatique.

Qui sommes-nous, ne pouvons-nous pas faire pencher la balance avec la foi et la flamme ?

Nous sommes à jamais un peuple brisé, toujours dans le besoin de réconciliation, toujours dans le besoin de construire une société inclusive souvent recouverte par les priorités économiques et la consommation. Les impacts économiques et sociaux sont déjà en train de se faire ressentir ; et certainement ils seront à long terme. Plusieurs gouvernements, y compris ceux de l’Union Européenne, sont entrain de planifier des paquets financiers. Des millions d’individus ont perdus leurs emplois aux États Unis, et ceux qui gagnent leur vie au jour-le-jour sont entrain de lutter, alors que la fermeture du marché afflige certains comme en Afrique. La sécurité alimentaire mondiale est en danger, et la famine est en train de devenir une réalité pour plusieurs. Cela n’aide pas dans certaines régions comme au Brésil où la menace du virus continue à être minimiser.

Cependant, c’est aussi le temps pour l’Esprit Saint de guider ces partages en communauté. En ce temps de confinement, nous apprenons la patience dans la souffrance ; ainsi nous pouvons participer à la résurrection. C’est une partie du mystère de la foi que nous sommes appelés à renouveler.

« Tu es en train de nous appeler à saisir ce temps d’adversité comme une temps chois… Il est un temps de remettre nos vis sur la bonne voie avec un regard sur toi Dieu et sur les autres. Nous pouvons regarder pour voir d’autres compagnons de route exemplaires qui, même peureux, ils ont réagi en donnant leurs vies.  C’est la force de l’Esprit qui souffle et façonne dans une courageuse et généreuse donation de soi. C’est la foi dans l’Esprit qui peut sauver, valoriser et démontrer comment est-ce que nos vies sont tramées ensemble et soutenues par les peuples ordinaires. »(Urbi et orbi)

Quelles sont nos expériences de communauté ces jours ?

Le cri des pauvres et le cri de la terre sonne depuis longtemps. La COP26 a été reportée, alors que la pandémie en court donne une opportunité de changement dans l’industrie du pétrole.

Il ne s’inscrit pas adéquatement avec le leadership politique, toutefois, le changement climatique et la propagation de la maladie sont clairement liés. Certains rapports l’exposent bien, à moins que nous ne soyons prêts à réaliser cette conversion interne dans le monde comme une mission commune, nous ne saurons par nous-mêmes être capables de combler l’écart entre cette crise aiguë du coronavirus et une crise climatique chronique et prolongée. La courante crise aiguë de santé est inséparable de l’actuelle crise alimentaire, la crise de l’eau, la crise économique, la crise des droits humains, la crise des migrants, des réfugiés ainsi que celle climatique.

Nous voyons également émergées des histoires d’espoir et des action sociales. En Inde les communautés travaillent avec les autorités gouvernementales pour répondre aux besoins des pauvres. Il y a un massif mouvement migratoire en cours à cause du confinement imposé, et la plupart sont sans nourriture et sans abris. Globalement, les jeunes aussi agissent à plusieurs niveaux en ligne, souvent à travers des groupes volontaires. Les médias sociaux et la communication sont en train de prendre une nouvelle dynamique comme les gens ont plus de temps d’interagir. Nous sommes en train de voir des grands changements dans la politique publique et la politique est propulsée par les médias sociaux. Bon nombre des chrétiens et d’institutions religieuses sont engagés avec les marginalisés dans des actions de solidarité et plusieurs histoires sont partagées sur le #CovidAction.

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Zoonoses : lignes floues des maladies émergentes et de la santé des écosystèmes (UNEP Frontiers 2016 Report : Emerging Issues of Environmental Concern)

Comment est-ce que le local peut-il inspirer une grande confiance dans le global ?

Le cri des pauvres, des migrants et de ceux sans travail, des petits fermiers et de ceux qui sont sur des terres qui ne sont plus naturellement soutenables – intensifie les cris de la terre. Nous sommes à un moment où la peur défie la foi, à un moment de choisir. Toutefois, nous implorons humblement le Seigneur « que nous soyons tous un ».

« Tu nous appelles à saisir ce moment d’épreuve comme un moment de choix. Il n’est pas le temps de ton jugement, mais de notre jugement : un temps de choisir entre ce qui importe et ce qui passe, un temps de faire le choix entre ce qui est nécessaire et ce qui ne l’est pas. »(Urbi et orbi)

Dans le petit village où je vis, la paix est partagée comme le plus grand cadeau. La paix est assumée par la plupart des gens le plus des temps, sauf là où les conflits de 30+ ont joué généralement dans le monde sur les opportunités économiques de l’époque. La paix est encore la chose la plus basique, y compris l’eau et la nourriture. La paix et le compagnonnage avec les amis et les Jésuites est le pain et le vin quotidien. Dans ce moment de trouble, nous avons besoin de la paix dans nos cœurs, une paix qui est partagée par un sourire conformant, dépassant tout ce qui manque, ainsi la paix brille dans notre environ avec la jeunesse comme espoir.

Querida Amazonia, à la suite de Laudato si’, souligne la proximité culturelle à la terre et à la vie : le rêve social et ecclésial de l’interconnectivité. Le récent document du Dicastère pour le service du développement humain intégrale Aqua fons vitae-Orientations au sujet de l’eau : symbole du cri des pauvres, et du cri de la terre élargit les défis de tous ; et a besoin d’une internalisation et une collaboration à long-terme.

Pris entre les puissances mondiales avec un leadership limité, une des rares institutions mondiales en laquelle nous pouvons faire confiance c’est les Nations Unies, et leur nouveau rapport Shared Responsibility, Global Solidarity : Responding to the socio-economic impacts of COVID-19 donne nous nouveau départ et nous devons prendre l’effort collectif très au sérieux.

« Les plus vulnérables, y compris les femmes, les enfants, les personnes gagées, ceux qui travaillent dans le secteur informel, seront les plus durement touchés. D’autre part, l’impact sur l’environnement semble être positif dans le court terme comme la réduction drastique des activités économiques due à la crise a réduit l’émission du CO2et de la pollution dans plusieurs régions. Cette amélioration est de courte durée. Au moins que les pays respectent leurs engagements aux objectifs du développement durable une fois que la crise est finie et que l’économie mondiale redémarre. »(UN, Shared Responsibility, Global Solidarity)

Cette crise nous enseigne que nous sommes tous dans la même barque ; l’humanité doit être une pour survivre. Que valent notre richesse personnelle et te nos possessions si nous ne sommes pas réconciliés avec les autres, si nous ne pouvons pas – dans l’humilité lorsque nous faisons face à la mort – reconnaitre dans la foi (avec tout le doute) les autres ? Trouvons-nous Jésus parmi nous et pouvons-nous aimer un nouveau, trouver la paix dans la tempête et embrasser la croix avec espérance, avec soin et avec foi ? N’allons-nous pas « avoir peur » dans cette crise et nous associer aux autres dans la mission et trouver de nouveau le sens de nos vies ?

Quand je cherche à clarifier les pensées, souvent je le fais en marchant dehors sous le ciel car cela change ma réalité et approfondit ma vision. Ces jours de crise ne sont pas différents, ressentir me sentiments et répondre aux autres, ma connexion et ma déconnection, je veux marcher sous le ciel et savoir que mon Créateur m’aime.

Gilbert Lasway SJ est un scolastique de Tanzanie qui étudie la théologie à la Loyola School of Theology de Manille. Avant de venir aux Philippines, il a enseigné la connaissance de la Bible au lycée Saint Peter Claver de Dodoma, en Tanzanie, et il était le directeur de la ferme scolaire.

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