Traduction: Setibo Batuzolele, SJ
La 22ième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (COP22) du 7 au 18 novembre 2016 à Marrakech, au Maroc vise à encourager les pays à engager une économie à faible émission de carbone, élaborer des plans nationaux d’adaptation qui intègrent leurs Contributions Déterminées au niveau National (NDCs, Nationally Determined Contributions) et une stratégie de développement a faible émission (LEDS, Low Emission Development Strategy) dans la période de 2015 à 2030 (Cf. COP21, article 4, paragraphe 19).
Ceci suit par le biais de l’Accord de Paris 2015 où les pays ont reconnu l’urgence de faire face à l’impact du changement climatique et se sont engagés à poursuivre les actions et les investissements intensifiés vers des économies durables avec émission faible de carbone, à inscrire et à contrôler par les NDCs qui seront préparées, communiquées et maintenues, en dehors des mesures d’atténuation nationales.
Selon son président Salaheddine Mezouar, la COP22 à Marrakech sera celle de l’action. Elle se concentrera sur les priorités que la COP21 a énoncées telles que l’adaptation, la transparence, le transfert de technologie, l’atténuation, le renforcement des capacités, ainsi que les pertes et les dommages. La COP22 est également là où l’action est entreprise pour assurer la stabilité et la sécurité des pays les plus vulnérables aux changements climatiques, en particulier ceux des régions d’Afrique et de petits États insulaires.
Et pour la première fois dans l’histoire de la Conférence des Parties, une large conférence de solutions techniques, réunissant des experts techniques, des scientifiques, des ingénieurs, des entreprises, des universités et la société civile, est organisée pour les pays comme l’un des principaux événements qui se tiendra en marge de la COP22. La Conférence des solutions du faible taux d’émission : le choc global des idées sur les voies pratiques vers les faibles émissions est entrepris essentiellement pour renforcer les capacités techniques des 196 gouvernements signataires de l’Accord de Paris dans la conception et la mise en œuvre à long terme des stratégies de développement à faibles émissions de gaz à effet de serre (NDC et LED). La conférence est organisée par le gouvernement du Maroc, le réseau des solutions Nations Unis pour le développement durable, le Conseil mondial des entreprises pour le développement durable, et le Conseil international des initiatives environnementales locales – les gouvernements locaux pour le développement durable et il est souhaité que ceci devienne un événement annuel pour les futures COPs.
Outre les éléments technologiques de la riposte mondiale, la COP22 portera aussi sur la solidarité universelle où la jeunesse, l’égalité et la démocratie doivent être les bases par lesquelles les actions technologiques peuvent être significatives et utiles aux personnes, où la technologie doit être associée à la compassion, et il est essentiel de mettre l’accent sur l’Afrique et les petits États insulaires.
Driss El Yazami, responsable des activités de la société civile à la COP22, a déclaré dans une récente interview que « Marrakech sera la COP de l’Afrique. Nous voulons soulever les problèmes et les besoins de ce continent au cours de cette conférence. Nous savons aussi que la société civile internationale a joué un rôle majeur pour obtenir l’Accord de Paris. A Marrakech, nous aurons la première réunion entre le gouvernement et les acteurs non étatiques ».
En réponse aux impacts du changement climatique, la COP22 dispose d’un cadre d’action où des innovations technologiques vers des économies sobres en carbone sont accompagnées par une redécouverte de l’« universalisme » qui permette à tous d’agir ensemble, même si, comme l’a dit Driss El Yazami, « les responsabilités historiques et les effets futurs ne sont pas partagés de manière égale. »
La publication de Laudato si’, le passage des Objectifs du Millénaire pour le Développement vers les Objectifs de Développement Durable, et l’Accord de Paris sont des événements clés en 2015 qui façonnent les réponses et les actions face au changement climatique. Comme nous nous préparons à Marrakech, voici les questions qui émergent :
- Comment pouvons-nous permettre et garantir davantage l’humanisation et l’approfondissement des efforts de Marrakech à un moment où il y a une peur mondiale des réfugiés, des guerres, du terrorisme, de l’incongruence dans la politique et la démocratie européenne, ainsi que dans la croissance économique ?
- Comment parler de la conversion humaine comme étant au cœur du problème, et non seulement au cœur des solutions technologiques innovantes ?
- Comment pouvons-nous prendre soin et accompagner les marginalisés et les exclus lorsque les villes sont mieux structurées avec d’importantes transitions techniques, avec, par exemple, aucun déplacement des occupants non-programmés pour une techno-efficacité ?
- Comment ces réponses techniques permettent-elles également la mise en œuvre des objectifs de développement durable avec compassion ?
Et enfin, comment la société civile, les ONG, et l’Eglise s’impliquent avec Marrakech, et créent la prise de conscience et l’engagement pour le changement afin de lancer ce processus annuel de la COP ?
Pour nombre de pays africains, la pauvreté et les besoins de base sont encore loin d’être pris en compte et la vie n’est pas tenable sous le climat actuel pour une majorité de personnes. Avec la fonte continuelle de l’Arctique, il est clair que les risques d’élévation du niveau de la mer pour les îles atolls, les petits États insulaires sous les tropiques, sont en train de devenir une réalité.