COP21 Résultat de la première semaine: Un processus paisible et un premier projet révisé d’accord climatique

COP21 Résultat de la première semaine: Un processus paisible et un premier projet révisé d’accord climatique

2015_12_07_Editorial2_Photo1L’équipe Ecojesuit (Traduit de l’Anglais par Setibo Batuzolele, SJ)

Il ne fait pas l’ombre d’un doute que la Conférence de Copenhague sur le changement climatique (COP15) en Décembre 2009, a provoqué un véritable traumatisme dans le monde des négociations sur le changement climatique. Depuis lors, ces négociations ont pris un ton de fatalisme, ou du moins, une grande prudence. Mais il est à reconnaitre que la COP 21, qui se tient présentement à Paris, se déroule plus en douceur que Copenhague. Les messages publiés par les dirigeants mondiaux lors de la cérémonie d’ouverture étaient beaucoup plus positifs que lors des occasions précédentes. Par rapport à 2009, il est aussi évident que le travail préparatoire entrepris a permis une meilleure définition des positions prises par les parties respectives.

En fait, l’évolution de la Conférence est en train de répondre aux attentes. Le Président de la Conférence, M. Laurent Fabius, qui est également le ministre français des Affaires étrangères, a demandé aux différents groupes de travail un projet d’accord cohérent prêt d’ici samedi 05 décembre, de sorte que les ministres puissent en discuter la semaine suivante.

Pendant la première semaine, les experts des différents gouvernements ont porté le poids des négociations, avec les ministres des Affaires étrangères ou de l’environnement en prenant le devant dans les négociations sur la deuxième semaine. En ce moment-là, ce sera le temps pour la politique au sens le plus honorable du mot. Ce sera le temps de négocier et, espérons-le, de parvenir à des accords.

Le projet d’accord révisé de la COP21 sur le climat après la première semaine, pour la discussion de la deuxième semaine.
Le projet d’accord révisé de la COP21 sur le climat après la première semaine, pour la discussion de la deuxième semaine.

La requête de M. Fabius a obtenu une réponse positive et le samedi 05 décembre, un «Projet d’Accord de Paris» a été publié. Cependant, quelques heures plus tard il y avait une nouvelle version incluant de nouveaux amendements, officiellement comme projet il est intitulé Projet d’Accord de Paris – Projet de conclusions révisé proposé par les Coprésidents, Additif (FCCC/ADP/2015/L.6/Rev.1/Add.1).

À première vue, il peut être surprenant parce que le texte est plein de mots ou de phrases entre parenthèses, et la possibilité est souvent offerte pour plusieurs options. Cela signifie que de nombreux points doivent encore être soumis à un accord, et à ce stade, il n’y a pas d’accord solide. Le côté positif est que les principaux points ont été identifiés et que les discussions qui suivent y seront consacrées. Ceci est un progrès et un message positif à l’égard des négociations.
Avec ce développement, nous partageons certaines questions essentielles qui seront abordées au cours de cette deuxième semaine:

1. Le seuil de l’augmentation de la température moyenne mondiale: «en-dessous» de 1,5 degrés Celsius ou «bien en-dessous» de 2 degrés Celsius

La science indique que l’augmentation de la température moyenne mondiale au-delà de 2 degrés Celsius va mettre une énorme pression sur la planète. Limiter les émissions de gaz à effet de serre en dessous de 1,5 degrés Celsius est la seule réponse qui offre des possibilités de succès pour dé-carboniser nos sociétés d’ici 2050. Bien que la discussion peut sembler hors de propos comme nous parlons d’une différence de 0,5 degré, cette différence est cruciale pour beaucoup de gens en termes de survie. Bien entendu, la difficulté se trouve du côté des efforts économiques respectifs associés à chaque chiffre.

2. Le caractère obligatoire de l’accord

Ceci est l’un des aspects importants des négociations, bien que certaines alternatives créatives sont proposées. Pour commencer, le nom du document pose déjà problème. Si c’est un «traité», il doit être adopté par le Sénat des États-Unis par exemple, une éventualité avec très peu de chances de succès. Mais imaginons qu’un titre approprié soit trouvé. Pour plusieurs pays, il est très difficile d’accepter une autorité externe (internationale) qui impose des objectifs sur les émissions de CO2.

L’alternative envisagée est que l’obligation peut être effectuée en vertu de la législation nationale. Si cela est suffisant pour garantir la réalisation des objectifs, alors l’accord international peut reconnaître l’application non pas directement de l’accord international, mais plutôt comme résultat de la mise en œuvre de la législation nationale. Cela peut ouvrir une possibilité très intéressante de collaboration à la fois pour les Etats-Unis et pour la Chine.

3. La possibilité de réviser les accords tous les cinq ans

Cette option est de plus en plus soutenue dans les négociations. L’Union Européenne (UE) a dénoncé cette possibilité, car d’une part, l’UE craint que nous puissions entrer dans un rythme de renégociation des accords qui peut être coûteux et stressant. Deuxièmement, l’UE attend d’importants investissements dans le moyen et long terme (infrastructures, technologies, entre autres) qui nécessitent des années de conception, d’exécution et introduire une révision périodique des objectifs pourrait compromettre ces investissements.

Néanmoins, la logique des objectifs qui peuvent être ajustés périodiquement a sa propre cohérence, comme elle peut être un outil efficace pour mieux s’aligner avec les Intended Nationally Determined Contributions (INDCs, les Contributions espérées déterminées au niveau national), qui reflètent les objectifs de réduction des émissions proposées de chaque pays. Avec cette révision périodique, les INDCs peuvent être ajustées selon les nouvelles données que la science fournit.

4. Les engagements financiers

Les chiffres de 100 milliards de Dollars Américains d’ici 2020 demeurent une référence très solide, comme l’Organisation pour la coopération économique et le développement (OCDE) l’a rappelé, les investissements internationaux totaux pour le changement climatique s’élèvent à la moitié de ce chiffre. Sans aucun doute, ce sera un effort financier s’il y a une acceptation générale que l’objectif peut être atteint.

Mais de nombreuses questions sont soulevées en référence à ces chiffres. La première est de déterminer qui contribuera d’autant plus que la Chine, l’Inde et l’Afrique du Sud résistent à contribuer aux fonds avec comme argument qu’ils ont pollué beaucoup moins que les pays développés. Les pays développés à leur tour insistent que ceci soit un effort commun en fonction des capacités actuelles.

Ceci est certainement une préoccupation essentielle qui nécessite une discussion approfondie. Une autre préoccupation pour la société civile est la façon dont cet argent sera dépensé; la crainte est que les institutions intermédiaires qui vont gérer les fonds, à savoir les banques et les agences de développement, peuvent utiliser l’argent pour financer d’énormes infrastructures ou même soutenir des dictateurs. Ainsi, ces investissements n’auront pas un impact réel dans la vie de ceux qui luttent le plus à s’adapter aux impacts du changement climatique.

5. Le rôle de la société civile

La COP 21 a confirmé la tendance à réduire la présence de la société civile dans ces types de négociations internationales. La société civile se réunit à Paris dans un large éventail de conversations et des initiatives telles que le Site de Paris-Le Bourget, le Village Mondial des Alternatives à Paris (Montreuil) et la Zone d’Action pour le Climat de la Coalition Climat 21, montrant la créativité et les engagements globaux diversifiés.

Mais la société civile est loin de l’intense plaidoyer direct et lobbying sur les négociations proprement dites. Les responsables de la conférence ne peuvent pas être blâmés car cela est une tendance observée tant au niveau national qu’international. Les bureaucrates et les politiciens veulent garder distance de la société civile et limiter ces groupes à des espaces qui peuvent être gérés et contrôlés. Certes, plus d’imagination est nécessaire et plus d’accent doit être mis sur notre travail dès notre retour dans nos pays respectifs pour mieux intégrer la société civile à la table de négociation.

On ne peut rien prédire, mais le processus se déroule bien jusqu’à présent

Tout est ouvert à la discussion et ceci rend le résultat final imprédictible. Par ailleurs, le ton des communications, le contenu de la première ébauche de l’accord sur le climat, et l’évidente responsabilité de ces négociations, nous donne l’optimisme nécessaire d’espérer un accord acceptable d’ici la fin de la semaine.

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