Laudato si’: Cinq nouveaux appels de l’encyclique

Laudato si’: Cinq nouveaux appels de l’encyclique

2015_06_18_Story 4_Photo1Jaime Tatay Nieto, SJ

L’encyclique du Pape sur l’environnement n’est pas aussi nouvelle que cela paraît de prime abord. En fait, elle est une conséquence logique de décennies de réflexion sur certains problèmes – sociaux et environnementaux – qui ne peuvent pas être tenus isolés et doivent être abordés ensemble.

Aujourd’hui, nous ne pouvons pas parler séparément des problèmes sociaux et environnementaux, de la même manière que nous ne pouvons séparer la politique de l’économie. Ces quatre domaines sont étroitement liés, même si nous avons tendance à les séparer au niveau académique et méthodologique.

Il semble que la société et les religions et les traditions religieuses sont de plus en plus conscientes. Par conséquent, l’une des principales contributions de Laudato si’ est, à mon avis, d’offrir la sagesse qui montre les inter-relations entre toutes ces questions, ainsi que ses implications éthiques inévitables.

Laudato si’ qui signifie “Loué soit,” rappelle au début du Cantique des Créatures de François d’Assise comment l’Église doit répondre à de nouveaux signes des temps présents et propose une parole à l’aune de l’espérance chrétienne sur une série de réponses urgentes et complexes à des problèmes socio-environnementaux qui caractérisent notre époque.

À mon avis, il y a cinq facteurs clés.

Il y a d’abord la dénonciation prophétique de l’injustice sociale comme liée aux processus de dégradation de l’environnement. Nous pouvons prendre un exemple significatif en Europe. Le terme “réfugié climatique” a été utilisé dans la littérature depuis les années 1970. À une époque où nous assistons à une crise mondiale des réfugiés, comparable seulement avec celle de la fin de la Seconde Guerre mondiale, nous ne pouvons pas oublier que certaines des raisons qui ont fait que des millions de personnes quittent leur pays chaque année sont les sécheresses récurrentes, les grands projets d’extraction, l’accaparement des terres, le changement climatique, la déforestation, la perte de terres fertiles et d’autres problèmes liés à l’environnement et aux ressources.

La relation entre la surexploitation des ressources, la dégradation de l’environnement, les conflits armés et la migration est de plus en plus évidente dans de nombreux pays du Sud. Dans le Nord, les minorités les plus pauvres et les communautés autochtones sont presque toujours celles qui vivent dans les zones les plus polluées et qui endurent les pires conditions de vie.

Deuxièmement, comme souligné plus tôt, elle offre une vision afin de surmonter la fragmentation des disciplines académiques, le tribalisme et le réductionnisme idéologiques, l’accumulation de biens pour le confort matériel et la croissance illimitée de l’économie.

Troisièmement, une proposition ascétique capable de mobiliser nous est présentée, en particulier pour ceux qui ont déjà assez pour lutter contre le gaspillage et à adopter un mode de vie sobre, honnête et bienveillant avec ceux qui ont des ressources limitées et avec toute la création. Les rapports scientifiques précis et les informations présentées par les médias ne semblent pas atteindre les gens, et quand ils le font, nous ne sommes pas en mesure de mobiliser pour transformer notre mode de vie et de surmonter nos forces intérieures. Si la science, les médias et la politique ne peuvent pas le faire, alors qui peut le résoudre?

Quatrièmement, et en rapport avecce qui précède, l’encyclique nous partage un regard contemplatif capable de tirer profit de la beauté de notre planète, de découvrir une “valeur intrinsèque” dans toute la création et à surmonter la vision utilitariste et technocratique qui domine notre monde. Cette contemplation n’est pas exclusive à aucune religion et toutes les religions sont certainement appelées à mettre l’accent sur leur rôle.

Jaime Tatay Nieto, SJ
Jaime Tatay Nieto, SJ

Enfin, il existe un appel pressant à la conversion adressé aux croyants. La conversion est un changement d’esprit et un changement de vie nourri par la foi en un Dieu qui regarda le monde “et vit que cela était bon.” Un test de sobriété qui consiste à vivre avec moins que le minimum nécessaire et repose sur la confiance à prendre soin de notre maison commune est une étape nécessaire vers le bien-être global. Cette conversion peut provenir d’une vie éthique fondée sur les principes de la destination universelle des biens, l’option préférentielle pour les pauvres, la précaution, la justice intergénérationnelle, et la solidarité. Ce chemin de conversion est aussi une invitation à toutes les personnes, indépendamment de leur croyance, à un dialogue inclusif et à partager un chemin commun.

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