
On s’attend à une nouvelle normalisation alors que le monde tente de se remettre sur pied après l’impact de la pandémie du COVID-19 qui a atteint à ce jour le chiffre stupéfiant de 5,5 millions de cas d’infection, 346 000 décès et 2,2 millions de guérisons dans 188 pays. Nous sommes mis au défi de faire de cette reprise une nouvelle normale, mais à mesure que le monde et les économies s’ouvrent, nous sommes apparemment dans une lente vitesse avec vers ce que l’on peut nommer normalité.
Des indications se font jour selon lesquelles, si les réponses à la crise sont réelles, les stratégies ne changent pas et l’on reste incapable de saisir l’ampleur du problème. Les mesures de relance nationales et régionales ne tiennent toujours pas compte de la « globalité » du problème et le « statu quo » est toujours un mantra soutenu, même si le développement économique à tout prix a ouvert une boîte de Pandore et que le vœu shakespearien d’une « vérole sur vos deux maisons » a trouvé sa marque.
Le contexte écologique de la crise actuelle n’est peut-être pas très discuté, mais il faut reconnaître que le dépassement continu des frontières planétaires, en particulier la destruction des habitats et la perte de biodiversité causée d’une large partie par l’utilisation désastreuse des terres dans des endroits comme l’Amazone ou bien en Australie. Celle-ci a rendu inévitable la crise du COVID-19 et les futures pandémies et perturbations saisonnières. De plus, il existe la possibilité de libérer de vieux germes provenant de la fonte du permafrost et contre lesquels les populations humaines actuelles ne sont pas nécessairement immunisées.
Les racines environnementales de la pandémie et des autres catastrophes qui se produisent méritent moins qu’une attention minimale. Les discussions ne doivent pas rester seulement avec des scientifiques naturels, des agronomes et les analystes sociaux locaux. Par exemple, cette crise du COVID-19 provoque une migration interne incalculable, les travailleurs rentrant chez eux et les réfugiés de nombreuses frontières cherchant désormais du travail à grande échelle dans leur pays. Ce phénomène est bien plus connu que la désertification et le changement climatique qui entraînent une émigration à grande échelle.
Dans l’encyclique papale Laudato Si’, l’interconnexion du monde, y compris ses problèmes et ses solutions, est une idée primordiale que le pape François partage et que le changement climatique et les autres crises environnementales ne sont pas séparés de la faim, de la pauvreté, des flux migratoires et des autres crises sociales. Le caractère mondial des crises environnementales et sociales ne peut être considéré et traité dans un isolement local, national et régional. Et c’est ce que cette pandémie actuelle a montré au monde. Une épidémie de virus en un endroit s’est transformée en une pandémie mondiale qui a conduit à une crise économique qui aggrave la faim et la pauvreté dans le monde entier.
COVID-19 est maintenant considéré comme faisant partie de la crise écologique contribué de la plus parti par le changement d’utilisation des terres et du changement climatique qui englobe les systèmes sociaux, sanitaires, commerciaux et, de plus en plus, fiscaux et politiques. Dans de nombreux débats actuels, on prend de plus en plus conscience que cette pandémie, en tant que crise aiguë, fait partie des crises écologiques d’une grande ampleur.
L’urgence d’un plaidoyer mondial post-COVID-19 dans les institutions Jésuites
En tant que réseau, Ecojesuit cherche à renforcer cette compréhension de la crise et du scénario post-confinement et à contribuer à développer et à maintenir un dialogue pour le changement où les préoccupations environnementales, sociales et économiques sont considérées comme faisant partie intégrante des réponses que nous apportons à la pandémie de COVID-19.
Cela doit se faire au niveau mondial même si nos luttes à l’heure actuelle, soient principalement au niveau national et local. Nous constatons la nécessité d’un apprentissage et d’une participation au niveau mondial et nous nous sentirons de plus en plus mal à l’aise de nier une réalité intégrale étant donné nos préférences dans le monde moderne pour le travail en silo.
L’Ecojesuit en tant que réseau mondial, fait partie de l’apostolat social qui surveille les actions post-confinement entreprises localement en réponse à la pandémie COVID-19. Pour les jésuites et les institutions, dont certains s’engagent dans des services de secours d’urgence, les préoccupations immédiates sont de comprendre le scénario post-confinement et de savoir quels modes de collaboration peuvent être explorés et guidés par les Préférences Apostoliques Universelles de la Compagnie.
Nous ne pouvons plus rester dans le rythme d’action antérieur car ce que nous recherchons doit viser à faire une différence pour les pauvres. La réponse des Jésuites devrait permettre de changer le contexte des pauvres et avancer des actions qui améliorera la situation des pauvres à long terme. L’inégalité et la vulnérabilité durable des pauvres sont des injustices qui, dans cette pandémie, ont été fortement exposées et que le changement climatique aggrave.
Il faut un engagement plus large et plus fort pour comprendre véritablement le problème et y répondre par une action ciblée. Cela pourrait impliquer un plaidoyer mondial en faveur du changement qui soit contextualisé pour chaque conférence. Les conférences ont un rôle majeur à jouer en participant à l’appel à une action mondiale et en communiquant tout ce qui se passe au niveau local et régional dans un contexte mondial qui appelle au changement.
L’effort d’Ecojéesuit n’est pas de répéter ce que font les autres réseaux sociaux jésuites mais plutôt de contribuer à la compréhension écologique de COVID-19 en tant que crise écologique tout en construisant un dialogue plus large et plus inclusif pour le changement.
Rechercher un dialogue pour le changement qui nécessite une participation globale
L’émergence d’un dialogue plus approfondi avec les équipes d’Ecojesuit des différentes conférences dans le monde se développe et depuis un mois, celui-ci discute avec chacune des conférences et d’autres réseaux du lien entre l’environnement et la pandémie et des réponses que nous donnons au COVID-19.
Ce processus fait référence au plan stratégique Ecojesuit 2019-2023: Discerning for a more integral collaboration and communication qui vise à la recherche d’une collaboration et d’une communication plus intégrale où la formation et le renforcement des Écoéquipesdans chaque conférence sont essentiels.
Le plan stratégique Ecojesuit est également disponible en espagnol: Ecojesuit 2019-2023: Discernimiento para una colaboración y mas comunicación mas integral.
Le processus permet un examen collectif de la meilleure façon de former une Ecoéquipe dans chaque conférence. Celles-ci faciliteront des réflexion et actions unifiées en mettant en œuvre les Préférences Apostoliques Universelles.
Le dialogue commence souvent par un partage sur la façon dont les gens se trouvent dans des diverses situations d’enfermement et contextes, leurs expériences et sur la façon dont leur travail et leur vie quotidienne sont généralement affectés. Le partage de situations personnelles et de préoccupations immédiates et la façon dont les gens se sont sentis limités dans leur capacité à s’engager ont permis d’apprendre des réalités différentes alors que la pandémie est considérée comme commune. Personne n’a été désemparé mais tous sont concernés, plusieurs ayant partagé comment ils ont été profondément affectés. Il est nécessaire de réévaluer sérieusement la façon d’aller de l’avant.
Voici les questions guides pour le dialogue :
1. ¿ Comment comprenons-nous l’environnement dans le cadre de la réponse à la pandémie du COVID-19 ?
2. ¿ Que pouvons-nous faire pour entamer et maintenir un dialogue pour le changement ?
3. ¿ Comment pouvons-nous se mettre ensemble et nous concentrer pour nous engager de manière critique en faveur de l’action écologique ?
4. ¿ Dans quelles sphères les gens se sont-ils intéressés à prendre une initiative ?
La mise en réseau, la communication et le plaidoyer au niveau mondial sont essentiels, tant au niveau du message que du support, et c’est sur ce point qu’Ecojesuit se concentre pour une meilleure compréhension de l’écologie intégrale. Il y a une histoire et une analyse des essais d’Ecojesuit qui sont publiés en ligne et des activités et événements partagés sur Facebook et Twitter et dans Ecostream.
Une partie du processus consiste à faire ressortir et à valoriser les expériences locales. Les histoires locales et régionales qui communiquent les possibilités de changement des communautés sont inspirantes et renforcent la solidarité, enlevant les peurs, l’isolement et le sentiment d’être petit et seul au milieu d’un problème mondial. Par exemple, les mouvements d’action pour le climat dirigés par des jeunes, qui ont vu le jour l’année dernière, se transforment en une énorme réponse mondiale qui met à nouveau l’accent sur la nécessité de maintenir les températures moyennes mondiales à un bas niveau.
Il s’agit d’un effort au niveau mondial pour écouter plus profondément au niveau de la conférence et recueillir des réflexions et des idées et voir ce qui doit être mieux compris pour une action ciblée. Grâce à ce processus, les contributions et les idées issues de la conférence permettent une meilleure compréhension au niveau mondial en contribuant à un dialogue et à une déclaration de changement qui intègre l’écologie dans le social et l’économique, en reconnaissant qu’il ne s’agit pas de deux crises distinctes.