Promotion d’un assainissement écologique sans usage d’eau au Tarumitra, bio-réserve et centre écologique jésuite en Inde

Promotion d’un assainissement écologique sans usage d’eau au Tarumitra, bio-réserve et centre écologique jésuite en Inde

Traiter l'urine et les excréments réutilisés sur les champs Tarumitra. Crédit photo: Kim Andersson/SEI
Traiter l’urine et les excréments réutilisés sur les champs Tarumitra. Crédit photo: Kim Andersson/SEI

Institut de Stockholm pour l’environnement

Pendant les trois dernières années, lInstitut de Stockholm pour l’environnement (ISE) a focalisé ses actions sur l’assainissement écologique sans usage d’eau. Situé dans le Bihar, un etat de l’est de l’Inde, cet institut travaille en collaboration avec l’Institut pour l’Eau, l’Assainissement et l’Hygiène (WASHi). Ce projet comprend un ensemble d’approches qui, non seulement réduit l’incidence des maladies d’origine hydrique, mais améliore également les environnements locaux et les moyens de subsistance, ce qui engendre toute une gamme d’autres avantages.

La défécation en plein air est une pratique très répandue dans certaines régions de l’Inde avec de graves conséquences pour la santé publique. Comme beaucoup de pratiques de longue date, il peut être difficile de convaincre la population d’abandonner la pratique des toilettes en plein air. En même temps, de nombreuses communautés rurales en Inde souffrent du manque d’accès à un approvisionnement adéquat en eau, en raison de la rareté de l’eau ou du sous-développement des infrastructures.

De nombreuses tentatives pour transformer les villages d’Inde et d’ailleurs en «zones sans toilettes volantes» ont constaté que les arguments relatifs à la santé seule ne suffisent pas, même si les maladies liées au genre d’agents pathogènes propagés par la défécation en plein air font peser de lourds fardeaux économiques sur les familles rurales à travers les factures médicales et les pertes de journées de travail. En outre, il y a souvent une résistance basée sur les attitudes traditionnelles au sujet desquelles les groupes sociaux devraient traiter des excréments – quelque chose d’inévitable pratiquement dans tout système de toilettes sèches, seule réponse viable dans les zones où l’eau pose problème et où les canalisations sont absentes ou de mauvaise qualité.

Le pilote de ecosan dans la bio-réserve au Tarumitra. Crédit photo: Kim Andersson/SEI
Le pilote de ecosan dans la bio-réserve au Tarumitra. Crédit photo: Kim Andersson/SEI

L’assainissement écologique (couramment abrégé en ecosan) ajoute de nouveaux arguments persuasifs pour adopter les systèmes d’assainissement durables. Ecosan décrit tout système qui permet de réutiliser les excréments comme engrais agricole (après un traitement approprié).

Les excréments annuels combinés d’une famille contiennent typiquement environ autant de nutriments utiles pour les plantes que 50 kg d’urée et 50 kg de NPK (azote-phosphore-potassium, engrais commerciaux les plus courants) – assez pour fertiliser 300 à 400 mètres carrés ou plus de cultures de céréales. Dans les zones rurales pauvres, où le coût des engrais commerciaux peut prendre une part importante du revenu des ménages et peut même conduire certains agriculteurs à s’endetter lourdement, ecosan peut transformer les excréments en une ressource très précieuse.

Une bio-réserve et centre écologique jésuite appelée Tarumitra (qui signifie Amis des Arbres, dans les deux langues Hindi et Sanskrit), dans la banlieue de la ville de Patna, constitue une ressource clé dans la promotion d’ecosan dans l’Etat du Bihar. Avec l’appui de l’Agence Suédoise de Coopération Internationale et de Développement à travers l’initiative ISE/WASHi, Tarumitra a construit un centre de traitement des excréments pour démonstration et a installé des toilettes dans ses locaux, offrant ainsi aux visiteurs l’occasion de voir et d’avoir une connaissance de première main sur ecosan.

La bio-réserve est un centre populaire d’éducation environnementale bien géré où l’on cultive un éventail de rares espèces de plantes comestibles, y compris des variétés traditionnelles de riz, utilisant des méthodes biologiques. Tarumitra a environ 250 000 membres dans plus de 2 000 écoles secondaires et collèges de l’Inde et dans le monde entier. Les objectifs de Tarumitra consistent à propager une sensibilité écologique, à doter ses membres de compétences pour traiter les problèmes environnementaux, et pour promouvoir la préservation de la biodiversité. Tarumitra organise des camps de formation résidentiels et des conférences pour accroître la prise de conscience écologique chez les enfants d’âge scolaire et chez les étudiants internationaux.

Toilettes avec ségrégation de l'urine, des excréments et de l'eau, tandis qu'une corde pend du plafond pour aider les utilisateurs faibles et handicapés. Crédit photo: Kim Andersson/SEI
Toilettes avec ségrégation de l’urine, des excréments et de l’eau, tandis qu’une corde pend du plafond pour aider les utilisateurs faibles et handicapés. Crédit photo: Kim Andersson/SEI

Ecosan convient parfaitement pour Tarumitra. Comparativement aux toilettes à chasse d’eau, ecosan met beaucoup moins de contraintes sur les ressources en eau limitées. En gardant les excréments hors des sources d’eau naturelles, ce système protège l’environnement et la santé. Et la récupération des nutriments dans les excréments humains est une forme d’agriculture biologique qui se justifie à la fois aux niveaux économique et écologique.

La structure d’assainissement écologique Tarumitra possède des compartiments pour femmes et pour hommes, chacun avec deux toilettes sèches d’évacuation d’urines (qui permettent à l’urine d’être récoltée séparément des excréments) et deux urinoirs sans eau, avec lavabos. L’urine est recueillie dans un réservoir dédié, avec de l’eau grise issue du lavage des mains alors que les excréments sont conservés dans des dispositifs pour un traitement séparée. Un stockage simple, selon les directives de l’Organisation Mondiale de la Santé, rend l’urine rapidement manipulable sans risque et inodore, et il est déjà utilisé pour fertiliser la moutarde, l’oignon, la pomme de terre, les choux, et les cultures de pois chiches à Tarumitra. Un expert agricole basé au centre a commencé une recherche sur l’efficacité de l’urine comme pesticide.

Le personnel de Tarumitra a conçu et créé l’établissement, en collaboration avec l’équipe de WASHi/ISE. Ce complexe attractif et bien conçu utilise une ventilation naturelle, des panneaux solaires pour l’éclairage, et les cendres provenant de feu de camp pour soutenir le traitement des excréments. Chaque fois que c’était possible, des matériaux locaux ont été utilisés pour la construction. Des matériaux visuels sont également préparés pour guider les visiteurs sur la manière d’utiliser les installations et pour expliquer les principes derrière ecosan.

Selon M. Kanchan Kumar Pathak, coordinateur du programme à Tarumitra, les visiteurs obtiennent une introduction aux principes des systèmes en boucle fermée et les avantages d’ecosan. «Boucle fermée» se réfère à un système où les nutriments sont continuellement capturés et réutilisés, de telle sorte qu’aucune nouvelle entrée n’est nécessaire.

Tarumitra continue d’être une ressource indispensable à la promotion d’ecosan dans le Bihar. Cette installation d’assainissement et d’hygiène montre que les toilettes sèches peuvent être aussi propres que n’importe quelles toilettes à chasse d’eau, tandis que le soutien à l’enseignement et la réutilisation des excréments sur les parcelles agricoles du centre montrent les avantages réels d’ecosan.

Des visites à Tarumitra – et le soutien des experts Tarumitra – aident les agriculteurs des sites d’autres projets pilotes sous l’initiative de ISE/WASHi initiative à comprendre pourquoi ecosan a du sens pour eux. Et, comme de plus en plus d’enfants et de jeunes découvrent ecosan lors de leurs voyages à Tarumitra, on peut espérer qu’ils diffuseront ce savoir auprès de leurs parents, des amis et des voisins et illustreront comment l’assainissement peut promouvoir la santé, la sécurité alimentaire et la protection de l’environnement.

L’Institut de Stockholm pour l’environnement (ISE) a travaillé avec une recherche globale, un développement des capacités et une politique de plaidoyer pour l’assainissement durable pendant plus de 15 ans, dans le cadre de sa mission de faire le pont entre la science et les politiques en matière de questions de l’environnement et du développement. Parmi les réalisations de l’ISE en matière d’assainissement, il convient de mentionner la production des principales publications de référence et d’orientation sur l’assainissement écologique, l’effort conjoint de mise en place de l’Alliance pour l’assainissement durable, et le soutien à la formation de réseaux de savoirs régionaux sur l’assainissement durable à travers le monde entier. Actuellement, l’ISE est impliqué dans plusieurs initiatives d’assainissement pour contribuer à l’assainissement durable, par exemple en se concentrant sur des liens avec la production alimentaire, la sécurité hydrique et énergétique en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Répondre à de multiples objectifs est considéré comme une stratégie clé pour engager de nouvelles parties prenantes nécessaire pour élargir l’accès pour les 2,5 milliards de personnes qui manquent un assainissement amélioré et assurer la durabilité des 4,2 milliards de personnes sans systèmes d’assainissement fonctionnels protégeant la santé et l’environnement.

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