S’engager dans le processus de la COP au niveau national

S’engager dans le processus de la COP au niveau national

Pour s’engager dans le processus de la COP au niveau national, Ecojesuit a organisé une conversation philippine sur la COP28 afin d’écouter les voix des Philippines qui s’engagent dans le processus de la COP et de comprendre l’histoire des Philippines qui peut être apportée au dialogue mondial, même si beaucoup de choses dépendent du Nord. Le coordinateur mondial d’Ecojesuit, Pedro Walpole SJ, a partagé une vue d’ensemble et les appels pour la COP28 ainsi qu’un plaidoyer basé sur l’espoir, espérant également que ce processus puisse être encouragé par d’autres partenaires d’Ecojesuit dans d’autres parties du monde.

La société civile et les représentants de la Commission du changement climatique du gouvernement philippin ont rejoint COPehan : Une conversation philippine sur la COP28 (COPehan : A Philippine conversation on COP28 en anglais), une réunion informelle qui vise à contribuer au renforcement des relations et de l’engagement entre la société civile et les agences gouvernementales philippines responsables pour répondre aux préoccupations en matière de justice climatique. Il s’agit notamment de soutenir et de faire entendre la voix des jeunes et de garantir leur participation à l’action climatique. Les voix des jeunes sont essentielles dans le débat mondial, car ce sont les jeunes qui développeront (et qui développent déjà) l’orientation politique de la crise climatique.

Partager une vue d’ensemble

Ecojesuit est un réseau mondial visant à vivre ensemble en tant qu’humanité unique en harmonie avec toutes les formes de vie, la terre, les mers et le climat. Les personnes engagées dans le réseau le sont de différentes manières depuis le Sommet de la Terre en 1992 où, avec Misereor, l’accent a été mis sur l’eau et les droits des peuples indigènes à participer. De plus en plus, l’agroécologie et la sécurité alimentaire et hydrique sont devenues des thèmes centraux du sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires et de la conférence des Nations unies sur la biodiversité.

L’énergie a toujours été un sujet de préoccupation en raison de l’exploitation minière et de la pollution. Elle est très importante pour le réseau jésuite en Amérique latine, en Afrique et à Madagascar, en Asie du Sud et dans la région Asie-Pacifique. La crise climatique est désormais à l’ordre du jour pour les jeunes, de la Caravane en Afrique au Réseau Ignatien de Solidarité en Amérique du Nord. Le Pape François a également parlé de la COP28 et de l’appel à l’intégrité dans Laudate Deum, étant donné le manque de suivi depuis l’Accord de Paris lors de la COP21.

La forêt amazonienne perd 1,5 million d’hectares chaque année (Forest Pulse : The latest on the world’s forests, World Resources Institute, 2022) tandis que les îles du Pacifique subissent une augmentation approximative de 4 mm du niveau de la mer chaque année (State of the Climate in South-West Pacific 2022, World Meteorological Organization, 2022) avec des mers déchaînées donnant lieu à des vagues d’un mètre de haut. Dans le bassin du Congo, 35 % des forêts critiques se trouvent dans des blocs d’expansion pétrolière et gazière existants ou prévus (Le Congo dans la Ligne de Mire : les menaces de l’expansion pétrolière et gazière pesant sur le climat, les forêts et les communautés, Rainforest Foundation UK, Earth InSight, 2022) tandis qu’en Libye, la tempête Daniel de septembre 2023 a provoqué l’effondrement des barrages de Derna et d’Abu Mansur (The Libya floods : a climate and infrastructure catastrophe, ReliefWeb, 2023), faisant plus de 5 000 morts, et est la tempête la plus meurtrière au niveau mondial depuis le typhon Haiyan qui a tué plus de 7 000 personnes en 2013.

La guerre en Ukraine se poursuit, contribuant à la crise alimentaire pour d’autres, tandis que le conflit israélo-palestinien s’intensifie. Pourtant, le monde reste inactif face aux 45 conflits armés non internationaux au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (à Chypre, en Égypte, en Irak, en Israël, en Libye, au Maroc, en Palestine, en Syrie, en Turquie, au Yémen et au Sahara occidental) et aux plus de 35 conflits armés non internationaux dans le reste de l’Afrique (au Burkina Faso, au Cameroun, en République centrafricaine (RCA), en République démocratique du Congo, en Éthiopie, au Mali, au Mozambique, au Nigeria, au Sénégal, en Somalie, au Sud-Soudan et au Soudan). (Today’s Armed Conflicts, Geneva Academy) Les conflits en Afrique ont tué 60 000 personnes au cours de ce siècle, comme un typhon saisonnier.

Ces conflits, qui touchent de nombreux continents, affectent la vie quotidienne et l’intégrité sociale des populations. La carte des conflits se superpose à celle de la vulnérabilité alimentaire et hydrique, ainsi qu’à celle des vulnérabilités sociales résultant des migrations, des déplacements internes et de la victimisation des femmes. Dans l’incapacité d’agir ensemble, ces crises sont « niées » sans qu’aucune solution pacifique ne semble se dessiner à court terme.

Dans la région de l’ANASE, le renforcement des nouvelles relations avec l’ANASE, y compris la nouvelle carte des mers régionales établie par la Chine, pose de nombreux défis. Il existe deux conflits armés non internationaux aux Philippines, très ignorées, qui empêchent pourtant les agriculteurs de se rendre dans leurs champs pour planter, entretenir et récolter à des moments critiques.

Telles sont les tensions avec lesquelles nous sommes aux prises lorsque nous parlons d’une mission commune sur la justice climatique, la paix, l’inclusion et l’accompagnement des plus vulnérables. Mais qu’il s’agisse de conflit ou de climat, nous devons continuer avec espoir et veiller à ce que la contribution déterminée au niveau national (CDN) des Philippines soit la meilleure pour notre peuple et pour le monde.

Rejoindre les appels de la COP28 qui défendent la dignité humaine et l’intégrité de la création

Ecojesuit surveille le processus de la COP afin d’approfondir la prise de conscience de ses limites et de souligner sa valeur en tant qu’organe mondial où le Sud peut défier le Nord pour son inaction, et aussi soutenir l’intégrité du Secrétaire général des Nations Unies António Guterres pour son endurance dans le soutien du Sud.

Ecojesuit s’associe à l’appel lancé à la COP28 pour qu’elle soit un forum qui respecte la dignité humaine et l’intégrité de la création :

  1. S’engager à signer le Traité de non-prolifération des combustibles fossiles et à réduire les émissions par une élimination progressive des combustibles fossiles
  2. Transformer les systèmes financiers en établissant des flux financiers équitables du fonds des pertes et dommages pour les communautés vulnérables au climat
  3. Mettre en œuvre le travail conjoint de Sharm el-Sheikh sur la mise en œuvre de l’action climatique sur l’agriculture et la sécurité alimentaire (SJWA) qui soutient le rôle de l’agroécologie et des solutions basées sur la culture
  4. Fournir chaque année 100 milliards d’USD de financement climatique pour soutenir les pays du Sud et combler les lacunes afin d’atteindre l’objectif de 4,3 billions d’USD d’ici 2030, comme l’estime le rapport 2022 Global Landscape of Climate Finance : A Decade of Data 2011-2020, et
  5. S’engager à corriger les lacunes en matière d’adaptation et d’atténuation afin de maintenir les objectifs de l’accord de Paris de 2015

Approfondir un plaidoyer basé sur l’espoir

Au milieu des réalités douloureuses des Philippines, vivre une foi approfondie est un défi. La foi nous met en contact avec ceux qui souffrent. La foi nous demande de travailler à la résolution des problèmes et de faire prendre conscience aux autres de la souffrance. Avoir la foi signifie tenir bon dans l’espoir et l’acceptation (et non dans le déni ou l’inévitabilité) au milieu d’une anxiété et d’un épuisement accablants (ce qui est le cas de nombreux jeunes) face à des calamités incessantes. Notre foi nous permet d’avoir une vision et un espoir pour un monde plus juste, ce dont nous avons grandement besoin.

Le pape François nous demande de participer à l’effort de reconfiguration du multilatéralisme d’antan par un multilatéralisme d’en bas, en reconnaissant que « beaucoup de regroupements et d’organisations de la société civile aident à pallier les faiblesses de la Communauté Internationale, son manque de coordination dans des situations complexes. » (Laudate Deum 37) Pour que la démocratie puisse s’épanouir, il faut qu’elle soit représentée. C’est de cela qu’il s’agit aujourd’hui lorsque nous demandons à tous d’’couter et de partager ensemble, et de voir quels partenariats sont possibles.

Dans ce rassemblement, nous partageons nos espoirs pour l’humanité et nous traçons les chemins de l’espoir avec les jeunes. L’espoir partagé n’est pas simplement dans ce qui est demandé, bien qu’il y ait des demandes, mais un espoir qui transcende tous nos espoirs individuels. L’espoir dont nous avons besoin nous appelle au-delà de toutes les divisions. L’espoir réside dans les petites choses que nous faisons pour qu’elles portent leurs fruits. Là où il y a la perte et la mort, il y a l’espoir et pas seulement le désespoir, car nous devons espérer la nouveauté. L’espoir, c’est qu’il y ait un sens à la souffrance et à la confusion.

COPehan : A Philippine conversation on COP28 est organisé pour Ecojesuit par Environmental Science for Social Change (ESSC), une organisation jésuite de recherche et de formation aux Philippines et l’un des partenaires missionnaires d’Ecojesuit au sein de la Conférence des Jésuites d’Asie-Pacifique. COPehan est un jeu de mots sur COP et café. Le mot « café » en tagalog est kape (prononcé ka’pe) et « kapehan » est une réunion autour d’un café.

Cet article est également disponible en anglais et en espagnol.

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